Lorsque vous pensez à ce qui se trouve sur un chantier de construction, il est normal que les ouvriers et la machinerie lourde soient parmi les premières choses qui vous viennent à l’esprit.

Mais vous serez peut-être surpris d’apprendre que des faucons, des éperviers, et même des hiboux, sont également des éléments clés de la construction du projet du Pont international Gordie-Howe.

« Le programme de fauconnerie sert à dissuader les autres oiseaux et la faune de venir nicher sur le chantier, » explique Lindsay Bennett, spécialiste de la conformité environnementale à l’Autorité du pont Windsor-Détroit (APWD).

Les mesures d’atténuation de la nidification des oiseaux sont incluses dans le plan de gestion environnementale du projet élaboré par le partenaire du secteur privé de l’APWD, Bridging North America (BNA).

« Non seulement le programme de fauconnerie aide à protéger les espèces d’oiseaux, y compris les espèces d’oiseaux en péril, des dangers d’un chantier de construction actif, mais il réduit également le risque de retards de calendrier qui peuvent être coûteux, » ajoute M. Bennett.

Par exemple, si un oiseau niche sur un chantier de construction, l’entrepreneur est tenu par la loi de créer une zone tampon autour du nid, où aucun travail n’est autorisé dans cette zone. Dans certains cas, le nid peut rester actif pendant plusieurs semaines.

Tyler Oglan, contrôleur environnemental chez BNA, affirme que le projet du Pont international Gordie-Howe attire les oiseaux en raison des caractéristiques du paysage environnant, de la proximité de la rivière Détroit, des tours massives et des grues qui se trouvent à 150 mètres (500 pieds) du sol.

« La fauconnerie devient assez courante sur les grands projets de construction, » note M. Oglan. « Nous avons un permis du gouvernement fédéral par le biais d’Environnement et Changement climatique Canada. Nous pouvons ainsi utiliser les talents d’oiseaux et de professionnels hautement qualifiés, dès le printemps, à une période où les oiseaux cherchent à nicher. »

La société Kingsport Environmental Falconry Services, basée à Amherstburg, en Ontario, fait voler des oiseaux de proie sur le chantier canadien du pont et au point d’entrée canadien.

Nicole Soucie, maître fauconnière et copropriétaire, explique qu’ils utilisent quatre buses à queue rouge et des buses de Harris avec deux équipes différentes qui parcourent le chantier à différents endroits.

« Nous avons une équipe qui commence à parcourir le chantier tôt le matin, avant le lever du soleil, pour que les faucons puissent voler et défendre leur territoire. De cette façon, lorsque les oiseaux se réveillent, ils peuvent voir qu’une menace est présente et s’envolent généralement ailleurs, » explique Mme Soucie. « Nous avons également une deuxième équipe qui parcourt le chantier jusqu’après le coucher du soleil pour s’assurer que les autres oiseaux qui cherchent à passer la nuit vont ailleurs. »

Les oiseaux de proie sont des créatures imposantes.

Les buses à queue rousse de Kingsport, qui sont répandues dans la région de l’Ontario, pèsent environ deux livres et demie et ont une envergure de quatre pieds. Les buses de Harris sont un peu plus petites.

« Nous utilisons différents oiseaux de proie, car ils ont chacun une physionomie et des manières uniques de voler. Les buses à queue rousse s’élèvent dans les airs et planent tandis que les buses de Harris vont de perchoir en perchoir », explique Mme Soucie. « Nous pouvons également faire venir des hiboux sur le site pour représenter une menace pour les oiseaux plus têtus. En faisant voler différentes espèces, cela donne l’impression qu’il existe une menace plus importante dans le secteur. »

 

 

Mme Soucie affirme que tous ses oiseaux sont hautement entraînés à revenir vers leur maître.

« On apprend aux oiseaux que les maîtres sont la source de nourriture la plus facile. Même s’ils peuvent voir d’autres animaux sauvages, il n’y a aucune garantie qu’ils puissent les attraper. Donc, ils comprennent que, dès qu’ils se posent sur notre gant, ils obtiennent de la nourriture, » continue Mme Soucie. « Nous pouvons également les rappeler pour les nourrir et les accompagner vers un autre endroit ».

Kingsport utilise également des chiens pour patrouiller sur la propriété afin de dissuader les oiseaux qui nichent au sol.

Madame Soucie ajoute qu’elle adore son travail et qu’elle est ravie de travailler au projet du Pont international Gordie-Howe.

« La partie la plus satisfaisante de mon travail est de pouvoir parcourir le chantier tous les jours et de voir les progrès par moi-même avec mes oiseaux, » dit Mme Soucie. « J’attends avec impatience le jour où je pourrai traverser le pont et dire que mon entreprise a participé à ce projet historique. »